La complexité est ce que l’on tisse ensemble pour œuvrer collectivement à relever un défi commun. Dans un monde imprévisible où chaque acteur détient une parcelle de la solution, par définition la solution n’appartient à personne : elle ne peut émerger que d’un jeu collectif.
Cela explique l’engouement actuel pour l’intelligence et le travail collaboratif. Le corollaire de la complexité est la solidarité : plus les liens sont faits de respect mutuel, d’écoute, de soutiens, de reconnaissance de la capacité de l’autre à apporter une idée, une part de solution, plus l’envie de se dépasser est grande. Le succès de l’économie collaborative, de l’économie du partage, de l’échange de biens et services entre particuliers, le partage de logiciels en « open source », les espaces de coworking pour mutualiser les bureaux tout en se sentant solidaires et proches, montrent que cette base solidaire n’est pas aujourd’hui un vain mot.
Cette évolution est loin d’être neutre sur le style de management qui appelle une bienveillance que les années de crise ont fait oublier. Le management des dernières décennies a provoqué une « casse » humaine où l’adaptation aux nouvelles contraintes était d’abord recherchée par la chasse aux coûts avec comme variable d’ajustement l’emploi…
Mais voilà que le monde, dans son imprévisibilité croissante, place les décideurs dans l’impossibilité de formuler seuls une solution. La simple consultation des collaborateurs ne suffit pas et il faut désormais réussir à développer une intelligence collective…mais qui exige une mobilisation de chacun, fortement dépendante de la capacité à nouer des liens forts, confiants et réciproques entre les collaborateurs, les savoirs et les compétences.
Pour le manager, il ne s’agit plus de relayer des instructions, mais de créer une communauté d’intérêt et de pratiques.
Une vraie révolution copernicienne pour le leader qui doit exercer toute sa bienveillance et son exigence à créer, animer et entretenir ces liens. Un facteur clé de cette capacité à tisser des liens repose sur celle à favoriser les solidarités. Face aux changements permanents vécus par les entreprises, le seul jeu individuel n’est plus de mise : le « nous » devient plus fort que le « moi » pour pouvoir envisager de rebondir et de sortir par le haut des difficultés. S’épauler face à l’adversité, une valeur souvent oubliée, mais qui est pourtant une clé majeure de la résilience collective.
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